Carpe Diem, n’est-ce pas ce que disent les non-maj ? Mais si, c’est ce truc-là, quand ils doivent faire un truc déplaisant mais se forcent à voir ça comme une opportunité ! Enfin bref, c’était avec cette attitude faussement positive que j’étais venu à l’apéritif de mademoiselle Silvermoon. Elle avait été très clairement insistante à ce que les préfets y assistent tous. Moi qui pensais gagner un peu de liberté en postulant pour le poste, me voilà déjà que je faisais des tours dociles comme un singe dans un cirque. Il faut croire que le zèbre ne se débarrasse pas aussi facilement de ses rayures et que si je fais ce que veulent mes parents, je me jette tout autant dans la gueule du loup.

Mais bon, il me suffirait de rester une heure ou deux avant de me plaindre de maux de ventre et partir me reposer dans ma chambre. Je n’aurais qu’à dire que j’ai trop tester de recettes de potions louches aujourd’hui, après tout, Lyra sait que je reviens d’un voyage de récolte au Massachusetts. De la corne de licorne en poudre, de l’essence de dictame, des lichens de lune, du mucus de veracrasse et même de la bile de tatou ailé, personne ne discuterait les concoctions que ce genre de mix peut faire… enfin tout le monde sauf cet imbécile heureux de Paul. À mon plus grand bonheur, il ne semblait pas présent, mon alibi était donc en sécurité.

Lorsqu’elle prit parole, mon regard se porta sur la directrice Lyra, dont le charisme naturel captivait l'assemblée. Sa robe émeraude, magnifiquement brodée, brillait à la lumière des lanternes, ajoutant une touche de mystère à sa présence. Lorsqu'elle évoqua les sculptures magiques, j'observai les créatures prendre vie avec une admiration discrète. Oui, il existait encore en ce monde des sorciers sertis de mon respect, et même de mon admiration, miss Silvermoon en faisait partie, tout comme la présidente du MACUSA, miss Céleste Wilder ainsi que certains des professeurs d’Ilvermorny et aurors notoirs.

Je pris une gorgée de ma boisson pétillante, un genre de cidre non-alcoolisé servi dans des flutes de champagnes flottantes. J’appréciais la fraîcheur des bulles sur ma langue, c’était comme boire une potion sans effet, futile mais quelque peu agréable... Je m’écarte du sujet là… j’en étais où ? Ah oui, bien que j’aie toujours préféré la solitude, il me fallait voir l’utilité de ma présence, ce genre d’événements me permettait d'observer les dynamiques sociales de l'école, de repérer ceux qui pourraient être utiles à l'avenir. Notamment pour la société de l’éclipse mais aussi pour repérer des futurs alchimistes de carrière. Il peut être pratique de repérer tôt les jeunes talents pour pouvoir mieux travailler avec eux plus tard, ma mère me disait toujours étant enfant, qu’il est bon pour l’idiot de se tenir près de ses amis, mais qu’il est judicieux pour le sage de côtoyer sa compétition.

Ainsi je me mêle à la foule et j’observe silencieusement. Les récits mythiques résonnaient dans l’air, emplissant l’espace d’une aura de magie palpable. Ces histoires d’héroïsme et de légendes celtiques évoquaient de l’admiration pour plusieurs. Bien que je reconnusse l’importance des histoires, ceux qui s’en captivaient n’étaient pour moi, pas tailler du bon bois pour réussir dans la vie. Il fallait pour cela être plutôt intéresser par le futur et se concentrer à aiguiser ses talents plutôt que d’être scotché aux mots émis par une statue sur les légendes du passé.

Alors que la soirée se déroulait, je m’éloignai un peu, profitant d'un coin plus isolé du balcon, sous un grand arbre aux branches tombantes. Ici, la vue sur les montagnes environnantes était encore plus spectaculaire. Les étoiles brillaient intensément, et les constellations dansaient, projetant des reflets argentés sur les cimes des arbres en contrebas. Dans cet espace tranquille, je pris un moment pour réfléchir à l’année à venir, aux défis à relever, et aux alliances stratégiques à nouer. Ma position de préfet m’offrait des opportunités uniques, mais elle nécessitait aussi une vigilance constante et une bonne dose de manipulation.

Je contemplai le griffon dont les ailes commençaient à se déployer, se demandant ce que l’avenir me réservait. Mon regard revint vers les convives, leurs visages illuminés par la lumière douce des lanternes enchantées. Je savais que derrière les rires et les discussions animées se cachaient des ambitions et des rivalités. Et moi, Lancelot Langevin, je comptais bien tirer profit de chaque situation pour avancer mes pions sur cet échiquier complexe.

Un léger sourire effleura mes lèvres. La rentrée approchait, et j'étais prêt à jouer le jeu.