Le labyrinthe était toujours là, le labyrinthe avait sa propre vie, son écosystème ; il enchantait, offrait cachettes et fraîcheur bienvenues le jour, inquiétait et intriguait la nuit ; le labyrinthe vit, le labyrinthe n’a cure de ta survie, le labyrinthe te réjouis ! Juniper trépignait d’impatience à chaque intersection et chaque reconfiguration magique des allées : elle sentait qu’ils n’étaient plus très loin de leur but, il ne pouvait en être autrement. Voilà deux heures qu’ils avaient entamé leurs recherches.

Leah, Maddox et elle s’étaient pris d’une nouvelle lubie nocturne : s’aventurer dans le labyrinthe de haies pour retrouver le dernier trésor ou accessoire qui n’avait pu être déniché lors d’un récent cours de défense contre les forces du mal en plein air.

Déterminés,  et par conscience écologique, ils s'étaient donné pour mission de retrouver ce "Graal", même s'il ne s'agissait probablement de rien de plus qu’une vieille balle de tissu abîmée par le temps. Ils avaient donc pris l’habitude de se faufiler dans le labyrinthe après le couvre-feu, bien décidés à retracer leur chemin et retrouver ce trésor inestimable, qu'ils cherchaient depuis maintenant deux semaines.

— Ok, on va de quel côté cette fois ? hasarda Leah tandis qu’ils approchaient d’une énième intersection.  


Les deux autres n’eurent pas le temps de réagir qu’ils se figèrent tous les trois, pétrifiés par un craquement de brindille et une faible lueur à quelques mètres de là, de l’autre côté d’une haie adjacente.

— MAY-DAY MAY-DAY GUYS, ABANDONNEZ LA MISSION ! hurla Maddox en prenant ses jambes à son cou.

La réaction de Leah ne se fit pas attendre et elle détala elle aussi comme un lapin. Seule Juniper resta sur place, les bras ballants, constatant la piste de poussière sur les pas de ses compagnons, avec un rire incrédule. “Tu parles de Thunderbirds !” Ses propres réflexes laissaient à désirer mais elle commença à s’avancer dans la direction qu’avaient prise ses camarades, murmurant un “Guuuuuys ?” tremblant. Soudain, un nouveau bruit de pas la fit sursauter et elle battit elle aussi en retraite à toute allure cette fois-ci, cherchant à creuser le plus d'écart possible entre elle et le mystérieux poursuivant. Elle priait tous les dieux auxquels elle ne croyait pas qu’il ne s’agît pas d’un professeur ou d’un surveillant.

Elle approchait à vive allure d’un croisement et s’autorisa un coup d’œil par-dessus l’épaule juste avant de bifurquer mais ce malheureux instinct lui fut fatal : elle percuta une forme indistincte et se retrouva projetée à terre avec un “Humpfh” , fesses les premières et sonnée.